Aerotec développe un radar de recul léger pour hélicoptère, certifié Airbus en 2025, réduisant les collisions de pales en décollage ou atterrissage.
Un dispositif inédit baptisé “radar de recul” pour hélicoptère a été conçu par Aerotec, entreprise implantée à Toulouse, et devrait être certifié dès septembre 2025. Ce système pèse 6 kg et couvre un angle de 200°, s’inspirant des capteurs utilisés dans l’automobile pour éviter les collisions arrière. Il alerte les pilotes d’un risque de contact entre pales et obstacle par des signaux visuels en rouge et un avertissement sonore. Deux capteurs LiDAR fixés de part et d’autre du fuselage offrent ces données en temps réel. Le système cible notamment les phases critiques du vol en hélicoptère : décollage, atterrissage et interventions de travail aérien. Ce projet, développé sur deux ans en partenariat avec Airbus Helicopters, a déjà fait l’objet de campagnes d’essais en conditions réelles sur un AS350. Son intégration au catalogue d’Airbus est prévue pour la fin de l’année, en option sur H125 neufs ou en retrofit sur appareils déjà en service. Cette innovation répond à un besoin opérationnel identifié : réduire les dommages sur pales liées aux vols en milieu contraint, évitant ainsi des arrêts machine coûteux et potentiellement dangereux.
Le principe technique du radar de recul
Le radar de recul développé par Aerotec se compose d’un calculateur et de deux capteurs LiDAR à ondes laser. Ces capteurs assurent une couverture arrière à 200°, détectant les objets jusqu’à 50 m derrière l’appareil, même dans des conditions de faible visibilité. L’angle large permet de couvrir les zones de pale arrière qui échappent au champ visuel du pilote, en raison de l’absence de rétroviseur central ou de caméra embarquée. Les données sont traitées en temps réel par le calculateur, définissant une zone sécurisée programmable par le pilote. Cette distance est ajustable entre 1 m et 50 m selon la mission, qu’il s’agisse d’un vol en hélicoptère de travail aérien, d’un posé en terrain restreint ou d’une intervention urbaine. Une alarme visuelle s’affiche en rouge sur l’interface cockpit, accompagnée d’un signal acoustique dont la fréquence croît avec la proximité de l’obstacle. Cette approche combine les technologies éprouvées du secteur automobile avec une adaptation aux exigences aéronautiques. La sensibilité du LIDAR et son intégration au système A/C ont été calibrées pour supporter les environnements de vol en hélicoptère, avec vibrations, poussière et conditions météo changeantes. Cette fiabilité vise à garantir le bon déroulement de vols en zones complexes, réduisant les incidents mécaniques évitables.
Essais, certification et intégration chez Airbus Helicopters
Les premières validations ont eu lieu sur un hélicoptère AS350 Écureuil, choisi pour sa plasticité et son usage répandu dans les missions utilitaires. Deux campagnes d’essais ont permis de valider la pertinence et la robustesse du système dans des opérations réelles, en zones montagneuses et urbaines, simulant les conditions d’un vol en hélicoptère typique. Ces essais ont testé les performances jusqu’à 50 m, confirmant des taux de détection fiables. La certification est planifiée pour septembre 2025, étape requise avant intégration dans la gamme Airbus. Cette homologation passera par des essais en vol, analyses environnementales et tests de compatibilité électromagnétique. À l’issue, le radar de recul sera disponible en option pour le H125, en neuf et en retrofit. Les opérateurs pourront commander le kit au moment de la livraison ou l’installer via une opération de modification certifiée STC (Supplemental Type Certificate). Aerotec estime que plusieurs centaines d’appareils pourraient en bénéficier, motivés par un coût adapté et un gain en disponibilité. L’intégration en fin d’année renforce la crédibilité du produit et montre la capacité d’une PME toulousaine à répondre à une demande précise avec une solution technique efficace.

Contribution opérationnelle et perspectives métier
L’installation de ce radar de recul offre une véritable valeur ajoutée aux exploitants. En vol en hélicoptère, les collisions de pales avec des arbres, cordages ou obstacles invisibles causent des arrêts machine prolongés, coûtant plusieurs dizaines de milliers d’euros en maintenance et immobilisation. Le dispositif, léger et simple à poser — environ un jour d’intervention — augmente la sécurité, réduit les risques et limite les coûts liés aux incidents. Il aide également les pilotes à percevoir l’environnement arrière sans perdre la concentration sur les manœuvres principales. À terme, ce radar pourrait inspirer d’autres applications, comme dans les hélicoptères spécialisés (évacuation sanitaire, travail aérien, service public), souvent exposés à des conditions contraintes. L’approche modulaire et abordable permet des améliorations continues, intégrant potentiellement l’analyse de données ou une liaison data pour la télésurveillance du système. Pour Aerotec, cette première innovation représente une entrée décisive sur le marché des capteurs avioniques et doit déboucher sur de nouvelles collaborations.
Enjeux industriels et stratégie de développement
Aerotec tire parti de l’écosystème toulousain aéronautique, renforçant le tissu industriel régional. La PME, filiale d’Expleo spécialisée en modifications, démontre sa capacité à concevoir des systèmes avioniques adaptés aux besoins du marché. Le positionnement économique — faible poids, installation rapide, prix contenu — rend le radar de recul accessible aux opérateurs privés, publics, et aux armées. La certification Airbus garantit une diffusion potentielle rapide, allant du H125 jusqu’à d’autres plateformes du fabricant, si les performances se maintiennent. L’option d’un retrofit élargit le potentiel de pénétration auprès de la clientèle d’occasion. Cette innovation peut stimuler une dynamique de R\&D locale, attirer des financements régionaux et renforcer l’attractivité de Toulouse pour les entreprises avioniques. Elle s’inscrit également dans une logique de sécurité et de maintenance prédictive, où les données des capteurs pourraient être utilisées pour anticiper les défaillances ou planifier des inspections ciblées.
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