Le PANHA 2091 Toufan est un hélicoptère d’attaque iranien dérivé du AH-1J, intégrant avionique, armement et blindage modernisés.
Une modernisation locale d’un hélicoptère américain des années 1970
Le PANHA 2091 Toufan est un hélicoptère d’attaque iranien développé à partir du Bell AH-1J SeaCobra, un appareil américain livré à l’Iran avant 1979. Après la révolution islamique, les relations avec les États-Unis sont rompues, ce qui pousse les forces armées iraniennes à maintenir et moderniser elles-mêmes leur parc d’aéronefs.
Le programme Toufan (ouragan en persan) est lancé à la fin des années 1990 par l’entreprise PANHA (Iranian Helicopter Support and Renewal Company), spécialisée dans la réparation, la rénovation et le reverse engineering d’aéronefs militaires. Il est baptisé Projet 2091, avec pour objectif de redonner une capacité opérationnelle à une flotte vieillissante d’AH-1J International, modèle dérivé du SeaCobra conçu pour les exportations.
Entre 1975 et 1978, 202 exemplaires du AH-1J International sont livrés à l’armée impériale iranienne. Ces appareils sont ensuite engagés dans le conflit Iran-Irak (1980–1988), où ils jouent un rôle tactique important dans les missions d’attaque au sol, d’escorte de convois et d’appui rapproché. Plusieurs dizaines restent en service jusqu’au début des années 2000.
Une refonte technologique progressive du AH-1J SeaCobra
Le PANHA 2091 conserve l’architecture générale du SeaCobra, avec une cellule fine et étroite, un équipage en tandem, un train d’atterrissage à patins, un rotor principal bipale et un rotor de queue latéral. Cependant, l’appareil bénéficie d’améliorations notables pour répondre aux exigences actuelles des combats asymétriques et conventionnels.
Principales modifications apportées :
- Cockpit modernisé : les deux postes (pilote à l’arrière, tireur à l’avant) reçoivent des écrans numériques, un système de navigation GPS, et une suite avionique nouvelle génération.
- Blindage : ajout de verres pare-balles et renforcement de la protection contre les petits calibres.
- Surveillance et ciblage : intégration d’un capteur FLIR (infrarouge) monté en nez pour les opérations nocturnes ou par mauvaise visibilité.
- Détection de menaces : ajout d’un récepteur d’alerte radar (RWR) pour signaler les menaces sol-air.
- Armement modulaire : le Toufan conserve la tourelle M197 (canon rotatif de 20 mm à 3 tubes), ainsi que les ailettes latérales pour missiles, roquettes et pods.
Un armement diversifié et adapté au contexte régional
Le PANHA 2091 est conçu pour offrir une puissance de feu directe contre des cibles blindées, fixes ou mobiles. Il est configuré pour recevoir :
- Des missiles antichars guidés, probablement des versions locales inspirées du TOW ou des copies de missiles russes ou chinois.
- Des roquettes non guidées de 70 mm, utilisées pour la saturation de zone ou l’appui feu rapproché.
- Des missiles air-air courte portée, comme le Misagh-2, système infrarouge inspiré du AIM-9 Sidewinder, positionné à l’extrémité des ailettes.
L’appareil est ainsi capable de mener des frappes rapides contre des cibles blindées, des véhicules ou des concentrations de troupes, tout en conservant une capacité de riposte face à des drones ou hélicoptères hostiles à courte distance.
Des performances héritées de l’architecture américaine
Bien que le PANHA 2091 reste dépendant des limites imposées par le design de l’AH-1J, ses performances restent adaptées aux théâtres d’opérations iraniens. Les caractéristiques estimées sont :
- Vitesse maximale : environ 230 km/h
- Autonomie : environ 600 km
- Plafond opérationnel : autour de 3 000 mètres
- Équipage : 2 (pilote + tireur)
- Poids maximal au décollage : environ 4 500 kg
- Propulsion : deux turbines, vraisemblablement dérivées des Pratt & Whitney Canada T400-CP-400 (moteurs d’origine de l’AH-1J), délivrant 1 800 chevaux cumulés
L’appareil conserve un bon rapport puissance/masse, et peut opérer depuis des bases avancées peu équipées, ce qui le rend utile dans des environnements désertiques ou montagneux, typiques de l’Iran.
Une utilité opérationnelle dans un contexte de sanctions et d’embargo
Le PANHA 2091 Toufan illustre la capacité de l’Iran à soutenir son autonomie militaire face à l’impossibilité d’acquérir des hélicoptères occidentaux ou des pièces détachées. L’utilisation d’éléments localement produits ou modifiés permet de maintenir en état des flottes anciennes, tout en améliorant leur efficacité sur le terrain.
Le Toufan est intégré aux forces de l’Islamic Republic of Iran Army Ground Forces, et son déploiement est probable dans :
- Les provinces frontalières : pour des missions d’appui tactique ou de surveillance.
- Les opérations anti-insurrectionnelles : notamment contre des groupes armés dans des zones rurales.
- L’entraînement des pilotes d’hélicoptères d’attaque : en l’absence d’appareils plus modernes comme le Mi-28 ou le AH-64 Apache.
Une plateforme de transition face à des défis industriels
Le PANHA 2091 n’est pas conçu pour rivaliser avec les hélicoptères d’attaque modernes de 4e génération. Il remplit un rôle de transition, en attendant d’éventuelles acquisitions ou productions nationales plus avancées, comme le Toufan II ou d’autres prototypes iraniens apparus ces dernières années.
Par ailleurs, la standardisation des pièces, la formation du personnel technique, et le développement d’une base industrielle locale sont des enjeux centraux pour maintenir une disponibilité opérationnelle suffisante malgré les sanctions. PANHA joue un rôle essentiel dans cette logique, en assurant également la maintenance d’autres hélicoptères comme les Bell 212, Huey, et Mil Mi-17.

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