L’hélicoptère Choucas 09 retrouve les cieux pyrénéens

L’hélicoptère Choucas 09 retrouve les cieux pyrénéens

Après 23 semaines de maintenance, l’EC145 de la gendarmerie de l’Ariège reprend du service pour missions montagneaises essentielles.

L’hélicoptère EC145 “Choucas 09” de la gendarmerie de l’Ariège est de nouveau disponible sur l’aérodrome des Pujols depuis le 11 juillet 2025, après 23 semaines de maintenance approfondie. Cet appareil, essentiel pour les opérations en milieu montagnard, avait été immobilisé début février pour une révision complète à 800 heures de vol. Le major Stéphane Vialaret, pilote à la section aérienne, insiste sur l’ampleur des interventions : démontage intégral, interventions sur structure, boîtes de transmission, avionique et remplacement des deux moteurs. Cette remise à niveau, indispensable pour l’intégrité du rotor et la sécurité en vol, a mobilisé quatre mécaniciens intensivement renforcés.

Durant cette période, l’unité a assuré des permanences via d’autres bases, incluant Briançon, Digne-les-Bains, Tarbes. Cette stratégie garantit le maintien d’un service continu, mais à un coût logistique non négligeable. Le retour à l’activité plein régime intervient juste avant la haute saison estivale, période de prédilection des missions : secours en haute altitude, recherches de personnes égarées, surveillance, appui aux forces. Les vols en hélicoptère montagnard demandent des régimes moteurs proches de la puissance maximale, ce qui accentue l’usure mécanique. Le déploiement de “Choucas 09” relance la capacité opérationnelle locale tout en soulignant la vulnérabilité d’un parc vieillissant. Il soulève aussi la question d’un renouvellement structurel pour maintenir les standards de sécurité dans un environnement exigeant.

Le détail de la maintenance technique

La révision de l’EC145 s’est effectuée aux Pujols sur cycle 800 heures de vol. Cet horizon impose la vérification exhaustive des structures : rotor principal, fuselage aluminium renforcé, axes oscillants, mâtereaux. Les boîtes de transmission ont été déposées puis testées sur banc hydraulique pour évaluer l’usure des engrenages hélicoïdaux, leurs paliers et taux de lubrification. Le retour du major Vialaret indique que chaque élément critique du système mécanique a été contrôlé jusqu’aux tolérances micrométriques.

Les deux turbines Rolls-Royce M250 ont été remplacées afin de retrouver un taux de régime garanti à haute montagne. Ces moteurs, testés à des pressions supérieures à 7 000 ft (2 130 m) en conditions normales, subissent une dégradation accélérée en mission estivale. L’avionique a subi une mise à jour logicielle et calibrage des systèmes VHF/UHF, transpondeur Mode 3/A, et GPS-inertiel. Des capteurs de girouette et d’horizon artificiel ont été étalonnés. Enfin, l’inspection des revêtements anti-corrosion du fuselage a assuré la conformité face aux impacts de grêle en altitude.

Cette opération a mobilisé quatre mécaniciens permanents, renforcés par deux autres détachés de Tarbes. Le chantier a duré 161 jours, incluant phases de démontage, inspection, assemblage, essais au sol et en vol. La recette operationalisée comprend des vols-tests de montée en palier puis en autorotation, suivis des réglages avioniques et motorisation.

L’hélicoptère Choucas 09 retrouve les cieux pyrénéens

Impact sur les missions estivales

L’Ariège entre dans sa pleine saison opérationnelle de juillet à août. Durant cette période, les Alpes ariégeoises accueillent en moyenne 60 000 visiteurs par semaine, amplitude majorée par la randonnée, alpinisme ou escalade. Choucas 09 intervient quotidiennement sur des missions de surveillance, secours et assistance aux forces. Sa capacité à opérer jusqu’à 4 000 m d’altitude permet des interventions en zones escarpées inaccessibles autrement.

En été, le taux de disponibilité doit atteindre au moins 85 % pour répondre aux appels de secours. Avec un seul appareil, tout incident mécanique ou indisponibilité impose la mobilisation d’unités extérieures (Pyrénées-Orientales, Hautes-Pyrénées, Andorre, Espagne). Ces relais imposent réorganisation, délais de coordination et coûts carburant. Le retour de Choucas 09 allège ces contraintes, sécurise l’approche des secours et réduit les délais critiques, parfois de 15 à 20 minutes.

Le major Vialaret confirme que l’unité reprendra ses vols de maintien de compétence dès début août, avec des rotations de qualification pour les pilotes et équipiers. Cela garantit l’aptitude au vol en haute altitude, la maîtrise des balises héliportées et la coordination avec les secours civils, basés au SMUR et PGHM.

La question du renouvellement du parc

L’EC145 de 2005 affiche près de 3 200 heures de vol. En conditions montagne, ses turbines tournent souvent à puissance maximale, induisant cycles thermiques répétés et fatigue structurale. Les sections aériennes forestières françaises intègrent progressivement l’EC145 T2+ ou EC145 T3 dotés de turbines plus puissantes (700 shp) et cockpit glass, mais la gendarmerie nationale ne dispose pour l’heure que du modèle standard.

Le retour de Choucas 09 relance le débat sur la modernisation de la flotte. Un hélicoptère algérien de type EC145 modernisé, comparé aux machines françaises, présente des capteurs infrarouges hautes performances et une avionique glass equip. Un remplacement partiel avant 2030 s’impose pour éviter immobilisations prolongées en plein été. Le coût d’un EC145 T2+ neuf avoisine les 8 millions d’euros, hors équipement SAR spécialisé.

La maintenance lourde de 2025 démontre l’aspect cyclique des interventions, mais aussi l’inadéquation d’une flotte vieillissante avec la fréquence d’utilisation. Les investissements actuels doivent strictement intégrer disponibilité, capacité opérationnelle et adaptation au vol en hélicoptère de montagne dans des environnements hostiles.

Perspectives opérationnelles et recommandations

Le retour de “Choucas 09” renforce immédiatement les capacités pyrénéennes. Pour pérenniser cet état, il faut anticiper les prochaines phases de maintenance, planifier un deuxième appareil de relève, et envisager une évolution vers versions modernisées.

Une flotte EC145 T2+ permettrait non seulement d’améliorer la sécurité des équipages grâce au glass cockpit et aux turbines plus tolérantes aux ascensions rapides, mais aussi d’équiper la section aérienne avec un hélicoptère algérien analogue ou dérivé, combinant capteurs infrarouges multispectres et meilleure autonomie (2,5 h).

Enfin, le volet formation demeure essentiel : renouveler la compétence des mécaniciens en structures composites, transmission modernisée, et drones héliportés. Le maintien d’un taux de disponibilité supérieur à 80 % pendant saison estivale exigera un planning de maintenance cadencé et cohérent avec les usages réels.

Le retour en service après 23 semaines est une victoire technique pour le personnel, mais elle révèle surtout des carences qui imposent des décisions de modernisation rapide. L’horizon 2030 devra voir un parc mieux adapté aux exigences des vols en hélicoptère de montagne et de secours, avec sécurité accrue et disponibilité renforcée.

HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère