Le Black Hawk autonome pour la lutte anti-incendies au Texas

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Au Texas, 59,8 M \$ pour transformer des UH‑60 Black Hawk en machines autonomes pour larguer de l’eau, livrer du matériel, surveiller sans pilote.

L’État du Texas a ouvert un chantier de très grande ampleur avec un budget de 59,8 millions de dollars (≈ 55 millions €). Il vise à équiper jusqu’à quatre hélicoptères UH‑60 Black Hawk d’un système autonome issu du programme ALIAS, piloté par la DARPA. Le centre de tests est installé au Bush Combat Development Complex (BCDC), sur le campus R‑ELLIS de Texas A\&M. L’objectif est clair : passer de missions superficielles pilotées à des opérations automatiques de lutte contre les feux de forêt, de jour comme de nuit, avec capteurs capables de voir à travers la fumée. Le projet implique Texas A\&M, DARPA, Sikorsky et des agences d’urgence comme Texas A\&M Forest Service. La technologie, déjà éprouvée sur environ 20 plateformes aériennes, doit maintenant faire ses preuves dans des scénarios réalistes, notamment largage d’eau, largage de matériel et surveillance sans équipage embarqué. L’approche promet de surmonter les limites liées à la disponibilité des pilotes, la fragilité humaine en conditions extrêmes, et la capacité de vol nocturne.

Le système ALIAS et son outil MATRIX pour le vol autonome

Le système ALIAS (Aircrew Labor In‑cockpit Automation System) est développé par la DARPA depuis 2013. Il se compose principalement du logiciel MATRIX, fourni par Sikorsky, capable de convertir un UH‑60 A ou L en plateforme autonome. MATRIX gère la planification de trajectoire, les capteurs, le pilotage et les tâches de largage. À ce jour, le logiciel a opéré sur une vingtaine de plateformes, fixes ou rotatives, dont la plupart des vols de test ont utilisé un UH‑60A Black Hawk. La conversion nécessite une interface homme‑machine via tablette, un pilote de sécurité restant à bord mais sans intervention, sauf en dernier recours. La démonstration la plus avancée selon la DARPA a permis à un Black Hawk autonome de larguer de l’eau avec un bambi bucket sur un feu expérimental, ajustant automatiquement la trajectoire pour compenser un vent latéral de 8 à 10 nœuds. La précision a atteint un anneau de feu de 30,5 cm de diamètre simulé par une flamme de 7,5 à 15 cm. Trois largages ont suffi à éteindre ce feu contrôlé. Cette preuve de concept a eu lieu en octobre 2024 à Stratford, Connecticut, devant des représentants de la FEMA, NASA, autorités pompières californiennes et investisseurs sectoriels. Le vol a duré 30 minutes, sans aucune prise de contrôle manuelle. Ici, l’autonomie est assistée, l’opérateur humain doit autoriser certaines actions critiques. La robustesse du système est illustrée par les tests antérieurs réussis impliquant une trentaine de missions sur Bell ou Chinook.

La phase de déploiement au Texas : budget et infrastructures

Le législatif texan a alloué 59,8 millions de dollars (≈ 55 millions €) sur deux ans pour permettre au Texas A\&M System, via son Bush Combat Development Complex, d’acheter ou de configurer jusqu’à quatre UH‑60 Black Hawk en versions autonomes. Le complexe couvre environ 1 335 hectares et héberge des installations pour la R\&D en autonomie aérienne, test en vol et simulation à haut niveau de fidélité. Le financement couvre aussi la construction de hangars spécialisés, l’acquisition de stations sol, les outils de simulation, des équipes techniques pour intégrer MATRIX, et les équipements pour les largages d’eau. Des partenaires comme Texas A\&M Forest Service et les services d’urgence locaux interviennent pour définir les exigences opérationnelles. L’objectif est de mener des campagnes test en conditions proches de celles des feux majeurs texans, souvent de plus de 1 000 hectares. Le calendrier prévoit la première phase de tests dans les 12 mois, avec système semi-autonome (un pilote à bord) puis autonome complet (sans pilote) au cours de la seconde année. Le projet sera évalué tant sur les aspects de sécurité que sur l’efficacité opérationnelle, notamment la quantité d’eau larguée par heure, la stabilité de vol par faible visibilité, et la gestion automatique du ravitaillement en vol ou au sol.

Aspects techniques et performances attendues

La plateforme retenue, le UH‑60L, dispose d’une charge utile supérieure à 1 8 00 kg et d’une capacité de carburant permettant une endurance de environ 4 heures. Avec l’autonomie MATRIX, l’hélicoptère peut exécuter des cycles de largage avec réplication automatique des points GPS. Le système détecte la présence de fumée, les thermiques, et ajuste la trajectoire à la seconde pour optimiser la trajectoire de largage. La précision permet un largage à moins de 5 mètres de la cible visée, ce qui réduit les pertes d’eau. En conditions nocturnes ou enfumées, des capteurs infrarouges et à imagerie multispectrale peuvent identifier les foyers actifs. Les tests précédents ont montré que l’autonomie matrix permet d’économiser jusqu’à 20 % de carburant en optimisant la route, et de doubler la cadence de missions par heure par rapport à un vol piloté, grâce à l’absence de fatigue humaine. La fiabilité du système est démontrée par l’absence d’incidents sur plus d’une centaine d’heures de vol cumulées sur divers types d’appareils depuis 2013.

Enjeux opérationnels et perspectives sectorielles

Le projet texan a un double enjeu : sauver vite et plus efficacement des vies et des biens, et valider une plateforme d’autonomie utilisable pour d’autres missions missions civiles ou militaires (recherche, évacuation, ravitaillement). Pour l’État, c’est une réponse innovante au déficit de pilotes qualifiés et aux limites des vols de nuit. Sur le plan économique, le projet illustre une transition potentielle vers des services autonomes et réutilisables par l’industrie privée (incendie, secours, pétrole). La technologie MATRIX pourra être appliquée à d’autres modèles comme le CH‑47 Chinook ou Firehawk. La DARPA envisage de commercialiser la solution pour des usages mixtes. Si les tests texans atteignent les objectifs de précision, de sécurité et de cadence, le Texas pourrait devenir un exemple mondial de déploiement d’hélicoptère autonome en lutte anti-feu. Un impact structurant pour les politiques forestières, les compagnies d’assurance et les industries aéronautiques.

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