Des hélicoptères bombardiers d’eau mobilisés dans plusieurs incendies en France

hélicoptère bombardiers d'eau

Intervention d’hélicoptères bombardiers d’eau dans les Bouches-du-Rhône pour maîtriser des feux récents menaçant des zones habitées.

Depuis plusieurs jours, la France fait face à une série d’incendies en zone méditerranéenne, notamment dans les Bouches-du-Rhône, où des feux ont été signalés à Saint-Victoret, Berre-l’Étang et Aix-en-Provence. Pour y faire face, des hélicoptères bombardiers d’eau ont été rapidement mobilisés pour appuyer les pompiers au sol. Leur rôle, bien que parfois sous-estimé par rapport aux avions Canadair, s’est révélé crucial dans des contextes où la proximité des zones habitées, la configuration du terrain ou la dynamique du feu nécessitaient des interventions ciblées. Ces déploiements montrent l’importance croissante des hélicoptères dans la doctrine de lutte contre les incendies en France, et posent des questions concrètes sur l’état de la flotte, sa coordination avec les SDIS, et sa capacité à répondre à une saison marquée par une forte exposition au risque.

Le dispositif technique des hélicoptères bombardiers d’eau

En France, les hélicoptères bombardiers d’eau sont majoritairement exploités par la Sécurité civile et les SDIS. Parmi les plus couramment utilisés, on retrouve les EC145 de la Sécurité civile (Dragon), capables d’emporter une charge d’environ 800 à 1000 litres d’eau dans un « Bambi Bucket », une poche souple suspendue sous l’appareil. Cette capacité peut sembler limitée face aux 6000 litres des avions amphibies CL-415, mais elle permet une approche plus fine et une grande réactivité, notamment en zones urbaines ou à proximité de réseaux routiers.

En période estivale, des hélicoptères lourds de type Super Puma ou H215 peuvent aussi être mobilisés, via des contrats passés par l’État avec des opérateurs civils. Ces appareils atteignent des capacités de largage allant jusqu’à 4000 litres. Leurs caractéristiques — endurance, maniabilité à basse altitude, rapidité de rotation entre le point de pompage et la zone d’intervention — les rendent particulièrement utiles en terrain accidenté ou lorsqu’un Canadair ne peut pas intervenir.

La flotte française comprend environ quarante hélicoptères capables d’opérations de lutte contre les feux. Certains sont prépositionnés dans des zones à haut risque dès le début de l’été, selon des données croisées entre les modèles météorologiques, la végétation disponible et les antécédents incendie. Ces choix sont pilotés par le COGIC (Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises).

Les interventions récentes dans les Bouches-du-Rhône

Le 24 juin 2025, un feu de végétation s’est déclenché à proximité immédiate d’une école à Saint-Victoret. L’évacuation de 300 enfants a été déclenchée par précaution. Ce sinistre, bien que limité en superficie (moins de 5000 m²), a mobilisé rapidement les moyens aériens. Un hélicoptère bombardier d’eau est intervenu en première ligne, en appui de 100 sapeurs-pompiers et de 15 véhicules. Un avion de type Dash a également procédé à un largage de retardant, démontrant une coordination immédiate entre moyens légers et lourds.

Le même jour, un autre feu est signalé à Berre-l’Étang, touchant une surface d’environ deux hectares. Là encore, les moyens terrestres (60 pompiers et 20 engins) ont reçu le soutien d’un hélicoptère pour contenir rapidement le front. L’incendie a été maîtrisé avant la tombée de la nuit.

À Aix-en-Provence, des feux plus épars ont également nécessité des interventions aériennes, principalement pour circonscrire les lisières proches des lotissements. Ces opérations ont illustré l’intérêt de disposer d’aéronefs agiles et disponibles à proximité immédiate.

Ces événements montrent que l’hélicoptère n’est pas un outil de second plan, mais une composante tactique essentielle dans la phase initiale d’un feu. Leur capacité à intervenir dans des délais très courts et avec une précision de largage accrue permet souvent d’éviter l’emballement d’un foyer.

La coordination entre les SDIS et les moyens aériens

En théorie, les interventions sont coordonnées par le centre opérationnel départemental, en lien avec les cellules zonales de gestion de crise. En pratique, plusieurs obstacles persistent : incompatibilité des réseaux radio (Antares côté SDIS, réseaux aériens classiques côté pilotes), latence dans la remontée d’information sur la nature du feu, et hétérogénéité des procédures selon les départements.

Un exemple concret : dans le cas du feu de Saint-Victoret, les premières demandes de renfort aérien sont parties moins de 10 minutes après le signalement, mais la coordination du guidage de l’hélicoptère a été jugée complexe par plusieurs officiers. En cause : l’absence d’une liaison directe stable entre le COS (commandant des opérations de secours) et l’équipage de l’hélicoptère, ainsi qu’une cartographie incomplète partagée entre sol et air.

En matière de disponibilité, les hélicoptères sont soumis à une logistique contraignante. Les temps de maintenance sont importants, les effectifs formés restent insuffisants pour des rotations prolongées. En 2022, le taux de disponibilité réel de certains appareils n’a pas dépassé 88 %, en raison de l’intensité opérationnelle. Le coût d’exploitation d’un hélicoptère lourd se situe entre 4000 et 7000 euros par heure de vol, ce qui limite les fenêtres d’utilisation sans priorisation claire.

Les limites actuelles et les perspectives

La principale limite opérationnelle reste la capacité d’emport. Un hélicoptère ne peut agir efficacement que sur des foyers localisés ou des lisières. Sur un feu en développement rapide, il devient vite insuffisant. Par ailleurs, la pénurie d’appareils lourds en Europe limite les options de renforts en cas de crise étendue.

Le renouvellement de la flotte reste lent. La majorité des hélicoptères de la Sécurité civile sont en service depuis plus de 15 ans. Le coût d’un remplacement par un appareil moderne comme l’Airbus H215M atteint environ 25 millions d’euros. Or, aucun calendrier clair d’acquisition n’est pour l’instant acté.

La cartographie des bases aériennes pose aussi question. Si Nîmes-Garons reste la base centrale, la couverture géographique reste déséquilibrée. De nombreux experts préconisent l’installation d’une seconde base à l’ouest du territoire, par exemple en Gironde ou dans les Landes, deux départements très exposés.

Enfin, la formation et la fidélisation des pilotes spécialisés restent critiques. En 2024, seuls 34 pilotes disposaient des qualifications nécessaires pour mener des largages en environnement difficile. La moyenne d’âge de ces personnels dépasse les 48 ans.

La France dispose d’un savoir-faire reconnu en matière de lutte aérienne contre les incendies, mais les moyens ne sont plus à la hauteur des exigences. Les hélicoptères bombardiers d’eau sont aujourd’hui indispensables dans les premières minutes d’un sinistre, en zone urbaine ou périurbaine. Pourtant, leur potentiel est sous-exploité par manque d’investissement stratégique.

Plutôt que de parier uniquement sur les Canadair ou les gros porteurs, il serait pertinent de renforcer les capacités de transport et de largage des hélicoptères existants, tout en développant une flotte intermédiaire d’appareils de 2000 à 3000 litres, plus économiques et plus polyvalents.

La situation de 2025 confirme une tendance : les incendies se déclarent plus tôt, plus souvent, et dans des zones autrefois peu concernées. La doctrine doit donc évoluer, non par déclaration, mais par réallocation concrète de moyens et par planification rigoureuse. Sans cela, le système sera tôt ou tard débordé.

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HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère