La DGA achève la livraison des NH90 Caïman TTH à l’Armée de Terre française, marquant une étape clé dans la modernisation des hélicoptères militaires.
Le 4 février 2025, la Direction générale de l’armement (DGA) a réceptionné le dernier hélicoptère NH90 Caïman Tactical Transport Helicopter (TTH) destiné à l’Armée de Terre française sur le site d’Airbus Helicopters à Marignane (Bouches-du-Rhône). Cette livraison marque la fin d’un cycle important du programme NH90, un projet européen visant à moderniser les flottes d’hélicoptères de transport tactique et de combat naval. Avec ce dernier appareil, l’Aviation légère de l’Armée de Terre (ALAT) dispose désormais de 63 NH90 Caïman TTH, renforçant ses capacités opérationnelles. Cette flotte remplace progressivement les anciens Puma, aux côtés des Cougar rénovés et des Caracal, pour atteindre l’objectif de 115 hélicoptères de manœuvre fixé par le Livre blanc de la Défense de 2013.
Le NH90 Caïman TTH est un hélicoptère biturbine de la classe des 11 tonnes, conçu pour répondre aux besoins de transport tactique, d’évacuation sanitaire et de soutien logistique. Sa polyvalence en fait un outil essentiel pour les missions de l’Armée de Terre sur des théâtres d’opérations variés, comme au Mali ou dans le cadre de l’opération Résilience en 2020, où il a permis l’évacuation de 48 patients Covid-19 en 24 rotations.
Les caractéristiques techniques du NH90 Caïman TTH
Le NH90 Caïman TTH se distingue par ses performances avancées. Long de 19,56 mètres (rotor tournant) et haut de 5,31 mètres, il affiche une masse à vide de 6 400 kg et une masse maximale de 10 600 kg. Sa charge utile atteint 4 200 kg, permettant le transport de 20 soldats ou 2,5 tonnes de matériel. Avec une vitesse de croisière de 300 km/h et une autonomie de 4 heures (plus 30 minutes de réserve), il offre un rayon d’action de 880 km, extensible à 1 600 km en configuration de convoyage.
Doté de commandes de vol électriques, une première pour un hélicoptère militaire de série, le NH90 intègre des technologies modernes comme des casques de vision nocturne HMSD, des systèmes de contre-mesures et des blindages adaptés aux environnements hostiles. Ses missions incluent le transport tactique, l’évacuation sanitaire, le parachutage et l’appui-feu. En 2014, deux NH90 Caïman TTH ont été déployés à Gao (Mali), démontrant leur capacité à opérer dans des conditions désertiques grâce à des entrées d’air spécifiques.
Une coopération européenne au cœur du programme NH90
Le programme NH90 est le fruit d’une collaboration entre la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Belgique, sous l’égide de la NATO Helicopter Management Agency (NAHEMA). Géré par le consortium NHIndustries, composé d’Airbus Helicopters, Leonardo et Fokker, il a permis la production de plus de 500 appareils pour 14 pays. En France, la DGA pilote le programme, avec un assemblage réalisé à Marignane. Outre les 63 TTH de l’Armée de Terre, la Marine nationale dispose de 27 NH90 NFH (NATO Frigate Helicopter), optimisés pour la lutte anti-sous-marine et les missions de sauvetage en mer.
Malgré son succès, le NH90 a rencontré des défis, notamment en termes de disponibilité. Les longues périodes d’immobilisation pour maintenance ou modernisation ont parfois limité l’opérationnalité de la flotte. Cependant, des améliorations progressives ont permis d’augmenter le taux de disponibilité au fil des années, atteignant des niveaux jugés satisfaisants par l’ALAT en 2025.
Une version dédiée aux forces spéciales en préparation
Si la livraison du dernier NH90 Caïman TTH marque la fin d’une étape, le programme se prolonge avec une version spécifique pour le 4e Régiment d’hélicoptères des forces spéciales (4e RHFS) basé à Pau. La DGA a commandé 18 exemplaires de la version NH90 Standard 2 (ou NH90 FS) en deux tranches : 10 en 2020 et 8 en 2023. Ces hélicoptères, dont les livraisons débuteront à l’été 2026 et s’achèveront au printemps 2029, intégreront des technologies avancées pour répondre aux besoins des opérations spéciales.
Le NH90 Standard 2 se distingue par plusieurs améliorations. Une caméra infrarouge Euroflir 410 de Safran permet une détection à longue distance, même en conditions de visibilité dégradée. Des mitrailleuses de 12,7 mm installées sur les fenêtres arrière offrent une capacité d’appui-feu. Un système de communication tactique facilite l’interopérabilité avec les drones et les unités interarmées. La soute est modifiée pour permettre des opérations d’aérocordage en vol, avec des portes latérales renforcées pour l’autoprotection. Enfin, des réservoirs externes de 500 kg (625 litres) augmentent le rayon d’action.
Présenté pour la première fois au salon SOFINS à Martignas-sur-Jalle (Gironde) du 1er au 3 avril 2025, le prototype du NH90 Standard 2 a suscité l’intérêt d’autres nations équipées de NH90, comme la Belgique et l’Australie, pour ses capacités transférables aux versions conventionnelles.
Le rôle stratégique du NH90 dans la modernisation militaire
La livraison du dernier NH90 Caïman TTH s’inscrit dans un effort plus large de modernisation des capacités de l’Armée de Terre française. Avec le retrait progressif des Puma, ce modèle devient le pivot de la flotte de l’ALAT, aux côtés des 74 hélicoptères Tigre et des Cougar rénovés. Cette transition renforce la capacité de projection rapide et de soutien logistique, essentielle dans des contextes comme les opérations extérieures ou les crises humanitaires.
Le NH90 Caïman a prouvé sa valeur lors d’exercices comme Baccarat 2024, où il a effectué des exfiltrations tactiques sous des conditions météorologiques difficiles, ou Orion 2023, impliquant des opérations héliportées avec l’Armée espagnole. Ces missions démontrent sa capacité à opérer en coalition, un atout dans le cadre des engagements de l’OTAN.
Les défis et perspectives du programme NH90
Malgré ses avancées, le programme NH90 a été critiqué pour son coût élevé, tant à l’achat qu’à l’entretien. Une heure de vol peut coûter entre 10 000 et 15 000 euros, selon l’Armée belge, qui a retiré ses 4 TTH en 2025 pour des raisons économiques. En France, la DGA et NHIndustries travaillent à optimiser la maintenance pour réduire les temps d’immobilisation et améliorer la disponibilité opérationnelle.
L’avenir du NH90 repose sur l’intégration des versions Standard 2 et sur d’éventuelles modernisations des flottes existantes. Les technologies développées pour les forces spéciales, comme le système Euroflir 410, pourraient bénéficier aux TTH conventionnels et aux NFH de la Marine nationale, renforçant leur polyvalence face aux nouveaux défis géopolitiques.

Une étape vers l’avenir des opérations aériennes
La livraison du dernier NH90 Caïman TTH à l’Armée de Terre française symbolise un tournant dans la modernisation de l’ALAT. Avec une flotte de 63 appareils désormais opérationnelle, l’Armée de Terre dispose d’un outil robuste et polyvalent pour ses missions. L’arrivée prochaine des 18 NH90 Standard 2 pour les forces spéciales ouvrira de nouvelles perspectives, notamment pour les opérations en environnements complexes. Alors que les tensions géopolitiques redessinent les priorités stratégiques, le NH90 Caïman s’impose comme un pilier de la capacité de projection française, prêt à relever les défis des théâtres d’opérations futurs.
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