Le radar DRAGON Airmaster C réussit ses premiers essais en vol

radar DRAGON Airmaster C

La DGA et Thales valident le radar de nouvelle génération Airmaster C lors d’essais en vol. Une avancée clé pour l’HIL Guépard et la défense française

Le projet DRAGON et le radar Airmaster C

Le projet DRAGON, initié en 2019 par l’Agence de l’innovation de défense, a pour objectif de développer un radar aéroporté de nouvelle génération. Confié à Thales, il aboutit au radar Airmaster C, en bande X, doté d’une antenne active à balayage électronique AESA bidimensionnel, de la multipolarisation et d’une puissance de calcul permettant d’intégrer rapidement des fonctions d’intelligence artificielle. Il est 30 % plus compact, plus léger et moins gourmand en énergie que les radars de précédente génération, ce qui le rend compatible avec les aéronefs légers comme l’hélicoptère Guépard.

Lancement des essais en vol par la DGA

Les premiers essais en vol du radar Airmaster C ont débuté en mai 2025, réalisés par la DGA Essais en vol (DGA EV), en collaboration avec Thales, au centre d’expertise et d’essais en vol. Ces essais ont été conduits en conditions réalistes sur un hélicoptère Puma utilisé comme banc d’essais, afin de valider les performances opérationnelles avant son intégration sur le Guépard.

Ces tests visent à lever les risques du système, dans la perspective d’une intégration future sur l’H160M Guépard, devant équiper les forces armées françaises. D’autres essais en vol sont d’ores et déjà programmés pour finaliser le développement du radar.

L’hélicoptère Guépard : vecteur du radar

Le H160M Guépard, hélicoptère interarmées léger (HIL) développé par Airbus Helicopters, est destiné à remplacer plusieurs flottes existantes (Gazelle, Fennec, etc.) dans les trois armées françaises. Il a effectué son premier vol le 24 juillet 2025, avec une mise en service prévue dès 2026.

L’appareil, d’une masse maxi de 6 050 kg, dispose de deux moteurs Safran Arrano, peut transporter deux pilotes plus cinq soldats équipés, atteint une vitesse de croisière de 272 km/h, et offre une autonomie de 848 km. Il est ravitaillable en vol par KC‑130J.

Le Guépard intègre aussi l’avionique FlytX de Thales, modulaire, légère, évolutive par mises à jour logicielles, ainsi que des systèmes optroniques de jour/nuit de Safran, pour l’observation et le ciblage.

Atouts technologiques du radar Airmaster C

  • Compacité et légèreté : réduction de 30 % par rapport à la génération précédente, essentielle pour les aéronefs légers comme l’HIL.
  • Antenne AESA 2D multipolarisation : permet une meilleure discrimination des cibles, en particulier en environnements électromagnétiques perturbés.
  • Puissance de calcul évolutive : permet d’intégrer rapidement des fonctions d’IA, réduisant la charge cognitive de l’opérateur, par exemple en adaptant automatiquement les modes en fonction du terrain ou des interférences.
  • Technologie d’entrelacement des modes : assure des performances optimisées en toutes situations, sans modification matérielle.
  • Interopérabilité accrue : compatible avec les besoins variés des forces armées et favorisant un potentiel d’export renforcé.

Impacts opérationnels et industriels

1. Capacité de reconnaissance et de combat

Grâce à ses caractéristiques techniques, le radar Airmaster C offre des capacités de surveillance, de détection et de suivi considérablement améliorées. Sa compacité et son intelligence embarquée sont stratégiques pour les missions de reconnaissance armée, d’appui-feu, d’infiltration, de renseignement ou de combat aéromaritime, selon la version de l’appareil.

2. Calendrier du programme HIL Guépard

Selon la Loi de programmation militaire 2024‑2030, 20 H160M Guépard doivent être livrés avant 2030, parmi les 169 commandés, avec un objectif de 70 appareils opérationnels d’ici 2035.

Les livraisons devraient débuter dès 2026, selon l’avancement des essais et des certifications, avec la première livraison attendue en 2028 pour l’armée de Terre.

3. Effet industriel et export

Le programme mobilise plus de 2 000 emplois directs et indirects en France, piloté notamment depuis Marignane. Airbus Helicopters a enregistré, à la mi‑2025, une hausse de 58 % de ses prises de commandes, avec un carnet de 942 appareils.

Le caractère dual et évolutif du Guépard, ainsi que les avancées techniques du radar, constituent des arguments forts pour l’export, même si aucune vente extérieure n’est encore actée.

4. Coopération futuriste avec drones

Le Guépard est conçu pour coopérer avec des drones équipiers, même en environnement brouillé, grâce à une architecture de communication résiliente et une navigation autonome. Les doctrines d’emploi associées sont actuellement en cours de définition avec les états-majors.

5. Suite des essais et phase industrielle

La campagne d’essais en vol du radar Airmaster C va se poursuivre jusqu’en 2028, avec une montée en puissance des systèmes embarqués. L’année 2025 représente une étape décisive, avec le vol inaugural du Guépard et la validation de la maturité technologique du radar.

Perspectives pour la défense française

Le succès des premiers essais en vol du radar DRAGON (Airmaster C) marque un jalon technique majeur. Ce système intelligent et modulaire répond aux exigences de modernisation des flottes françaises, tout en consolidant l’industrie nationale. Le Guépard, en tant que plateforme embarquant ce radar, incarne une évolution stratégique vers des forces plus numérisées, interopérables, résilientes, et tournées vers l’avenir.

La combinaison de performances accrues, d’une maintenance facilitée et d’un potentiel d’export peut faire du programme un modèle de réussite pour les armées françaises. Son succès pourrait également inspirer de nouvelles coopérations industrielles et opérationnelles dans le domaine de la défense aérospatiale.

HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère.

radar DRAGON Airmaster C