Le Cavorite X7, un héliplane hybride, associe vol vertical et vitesse de 450 km/h. Une innovation mondiale au potentiel civil et logistique important.
Une technologie hybride au croisement du vol vertical et du vol rapide
Le Cavorite X7, présenté officiellement le 4 juillet 2025, marque une avancée notable dans le domaine des aéronefs hybrides. Conçu par la société Horizon Aircraft, basée au Canada, ce prototype est un héliplane : il combine la capacité de décollage vertical d’un hélicoptère avec l’aérodynamisme d’un avion. Ce type d’appareil repose sur une architecture mixte : propulsion électrique verticale intégrée dans les ailes et poussée horizontale assurée par une hélice conventionnelle. Le Cavorite X7 est capable d’atteindre une vitesse de croisière de 450 km/h, avec une autonomie annoncée de 800 kilomètres.
Le concept d’héliplane s’inscrit dans la recherche d’alternatives à l’hélicoptère traditionnel, souvent limité en vitesse, en rayon d’action et en consommation. L’objectif ici est clair : offrir une solution plus rapide, plus silencieuse et potentiellement plus économique pour le transport de passagers ou de fret sur des courtes et moyennes distances. Le Cavorite X7 vise notamment les liaisons interurbaines, l’évacuation sanitaire, ou le ravitaillement logistique en zones difficiles d’accès.
La particularité du Cavorite X7 tient dans sa technologie de voilure fermée mobile : ses ailes sont munies de volets motorisés qui s’ouvrent au décollage pour laisser passer la poussée verticale, puis se referment en vol pour améliorer l’aérodynamisme. Cette configuration assure un passage fluide entre le mode vertical et le vol horizontal, sans rotation complète des ailes ou des moteurs comme dans les tiltrotors.
L’appareil a déjà effectué plusieurs essais de vol à échelle réduite. La première campagne d’essais grandeur nature est prévue d’ici fin 2025. Le projet bénéficie du soutien de la Defense Research and Development Canada (DRDC) et de financements privés, pour un montant estimé à 19 millions d’euros à ce stade.
Une réponse aux limites de l’hélicoptère conventionnel
Les performances annoncées du Cavorite X7 répondent aux critiques récurrentes formulées à l’égard des hélicoptères classiques, en particulier dans les secteurs civil, sanitaire et logistique. Un hélicoptère monorotor comme l’Airbus H145, par exemple, plafonne à 240 km/h et consomme environ 270 litres de carburant par heure. La maintenance de ces appareils reste coûteuse, avec un coût horaire moyen d’exploitation de 1 100 euros.
Le Cavorite X7 ambitionne de diviser par deux ces coûts grâce à une propulsion hybride. L’appareil embarque un moteur thermique destiné à recharger en vol ses batteries électriques, sans dépendre d’une infrastructure au sol pour le ravitaillement. Cette autonomie énergétique relative est un avantage majeur, notamment pour les zones rurales, les sites industriels isolés ou les interventions d’urgence.
L’autre levier de différenciation du Cavorite X7, c’est le bruit. Grâce à ses moteurs électriques pour les phases de décollage et d’approche, l’appareil réduirait de 60 % l’empreinte sonore par rapport à un hélicoptère moyen. Cette réduction est décisive pour obtenir des autorisations de vol en zone urbaine ou périurbaine, un point bloquant pour de nombreux projets de mobilité verticale.
Enfin, la charge utile annoncée du X7 est de 500 kilogrammes, ce qui le rend apte à transporter six passagers ou l’équivalent en matériel médical, logistique ou en fret. Cela dépasse la capacité des petits drones cargo et se rapproche des performances des aéronefs légers tout en s’affranchissant de pistes classiques.
La cellule est composée de carbone composite, avec un poids à vide de 1 800 kilogrammes et une masse maximale au décollage de 2 700 kilogrammes. Elle respecte les normes de certification CS-23 en Europe et Part 23 aux États-Unis, ce qui permet d’envisager une homologation d’ici trois ans, selon Horizon Aircraft.
Un positionnement pragmatique dans le marché des eVTOL
Contrairement à de nombreux projets d’eVTOL (electric vertical take-off and landing), qui misent sur des configurations futuristes encore non certifiées, le Cavorite X7 adopte une approche conservatrice et modulable. Il repose sur une redondance mécanique avec un moteur thermique qui limite la dépendance aux batteries, tout en respectant les contraintes actuelles des autorités de l’aviation civile.
La majorité des projets concurrents sur le segment VTOL – comme Joby Aviation, Lilium, ou Volocopter – sont intégralement électriques, mais limités à des autonomies inférieures à 250 kilomètres et à des vitesses de 200 à 300 km/h. Ces projets nécessitent en outre le déploiement de vertiports spécifiques, et peinent à intégrer les réseaux aériens classiques sans adaptation lourde de la réglementation.
À l’inverse, le Cavorite X7 mise sur l’intégration dans l’espace aérien existant, avec des performances suffisantes pour être assimilé à un avion léger. Il peut atterrir sur des héliports existants, des pistes courtes, ou sur des zones dégagées avec peu d’infrastructure. Cela réduit fortement les coûts de déploiement.
Le choix de ne pas dépendre exclusivement de batteries permet également d’éviter les contraintes thermiques, les problèmes de recharge et les limitations liées au climat. Il s’agit d’un choix industriel lucide dans un contexte où la technologie des batteries lithium-ion reste limitée en densité énergétique (200 Wh/kg en moyenne), loin des besoins réels d’un aéronef en vol longue durée.
L’appareil ne cherche pas à révolutionner le ciel, mais à créer un pont technique entre l’hélicoptère et l’avion léger. Ce positionnement intermédiaire pourrait séduire les acteurs des secteurs médicaux, industriels et gouvernementaux, qui privilégient la fiabilité et la conformité aux effets d’annonce technologique.

Une percée industrielle conditionnée par les usages et les normes
La viabilité du Cavorite X7 dépendra moins de ses performances techniques que de sa capacité à s’insérer dans des modèles économiques réels. Le marché mondial des aéronefs légers est en croissance, estimé à 9,1 milliards d’euros en 2024, avec une prévision à 14,6 milliards d’euros d’ici 2030. Mais cette croissance est tirée essentiellement par les drones professionnels, les avions d’entraînement et les eVTOL destinés au transport urbain.
Le Cavorite X7, positionné à la frontière de ces segments, doit convaincre des clients institutionnels et privés que son coût à l’achat – estimé autour de 3,5 millions d’euros par unité – est justifié par des gains opérationnels mesurables. À ce stade, aucune commande ferme n’a été officialisée, mais des discussions sont en cours avec des opérateurs du secteur paramédical canadien, plusieurs services d’intervention rapide, et un acteur du fret en Asie.
La certification reste également un frein technique majeur. Horizon Aircraft prévoit une première mise en service commerciale d’ici fin 2027, sous réserve de validation par Transports Canada, l’EASA en Europe, puis la FAA. Cela suppose des essais longs, coûteux, et soumis à une pression réglementaire croissante liée aux nouveaux aéronefs hybrides. Les récents retards de programmes concurrents montrent que ces délais sont rarement tenus.
Enfin, la dépendance aux subventions publiques, notamment canadiennes, reste élevée. Le financement de la R\&D, la protection du brevet sur le système de volets rétractables, et les droits d’exportation conditionnent fortement la trajectoire industrielle du X7. Le prototype actuel, bien que prometteur, devra faire ses preuves face à des acteurs dotés de chaînes de production lourdes comme Leonardo, Bell ou Airbus Helicopters.
Le Cavorite X7, en tant que héliplane hybride, ne remplace ni l’hélicoptère conventionnel ni l’avion léger, mais s’insère dans une niche technologique crédible. À condition que les usages concrets, les normes et les marchés soient alignés, il pourrait trouver sa place dans le paysage aérien des prochaines années.
HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère