Quels sont les hélicoptères de combat les plus utilisés dans le monde ?

les hélicoptères de combat

De l’Apache AH-64 au Mi-24, panorama chiffré des hélicoptères militaires les plus employés dans le monde, avec enjeux géopolitiques et retours d’opérations.

Les repères qui définissent « l’hélicoptère de combat »

L’hélicoptère de combat, qu’il s’agisse d’un hélicoptère d’attaque pur ou d’un hélicoptère militaire polyvalent armé, combine protection, capteurs, autonomie et armements. Son efficacité dépend d’un écosystème : munitions (Hellfire, Spike, LMUR), maintenance, formation, soutien logistique et accès aux pièces. Les conflits récents rappellent une constante : ceux qui dominent mettent en œuvre des capteurs tout temps, des liaisons de données, des missiles à longue portée et des procédures de survivabilité (vol tactique, emploi décollé, coopération avec drones).

L’hélicoptère Apache AH-64, la référence mondiale

L’hélicoptère Apache AH-64 est l’hélicoptère de combat le plus utilisé à l’échelle mondiale si l’on considère les flottes en service et l’intensité d’emploi. Plus de 2 700 appareils ont été livrés depuis l’origine, et environ 1 280 restent en service dans 18+ pays. L’US Army aligne 824 AH-64D/E (actifs), ce qui en fait la masse critique du parc mondial. Les versions AH-64E se distinguent par des liaisons de données et la capacité manned-unmanned teaming. Ces flottes emploient typiquement jusqu’à 16 AGM-114 Hellfire pour l’appui-feu et l’anti-char, ainsi que des roquettes Hydra 70 (70 mm).

Les États-Unis, l’alliage des masses et des munitions

Aux États-Unis, l’Apache est l’hélicoptère d’attaque de référence pour l’appui feu rapproché et l’interdiction anti-blindés. L’US Army investit dans la résilience logistique, la fusion de données et la lutte anti-drones (exercices de tir Hellfire contre cibles aériennes lentes). Cet emploi diversifié renforce la souplesse d’emploi face à des menaces asymétriques ou régulières.

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Le Moyen-Orient, l’emploi intensif et la dépendance logistique

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont engagé l’Apache en opérations au Yémen, avec des effets militaires réels mais au prix d’une forte exposition médiatique et juridique. Géopolitiquement, l’usage d’AH-64 renforce la dépendance vis-à-vis du soutien américain (pièces, munitions, formation) et expose aux interdépendances politiques des transferts d’armement.

L’Europe et l’OTAN, la standardisation interopérable

Le Royaume-Uni opère des AH-64E modernisés (37 actifs, 13 en commande). Avantage majeur : l’interopérabilité OTAN et l’accès à un catalogue de munitions largement diffusé. Les coûts d’exploitation demeurent élevés, mais la standardisation réduit le risque industriel.

L’Asie-Pacifique et l’Afrique du Nord, la diffusion stratégique

Le Japon et Taïwan emploient l’Apache pour la défense anti-navires et anti-blindés en environnement insulaire. Le Maroc a lancé l’AH-64E (24 commandés, livraisons amorcées), ce qui modifie l’équilibre régional du Maghreb en apportant une capacité d’appui-manœuvre à longue portée.

Le Mil Mi-24/35, l’icône robuste encore omniprésente

L’hélicoptère Mil Mi-24hélicoptère de combat emblématique – cumule hélicoptère d’attaque et hélicoptère de transport militaire de petite capacité (jusqu’à huit soldats). Il reste largement diffusé (plus de 50 pays l’ont employé), avec de nombreux Mi-35 modernisés. Sa simplicité relative, sa capacité d’emport (roquettes de 57 à 80 mm, missiles antichars, canons) et sa robustesse expliquent sa longévité, en particulier en Afrique (ex. Soudan avec env. 35 Mi-24/35) et en Europe de l’Est. Géopolitiquement, l’opérateur du Mi-24 dépend de chaînes d’approvisionnement russes ou ex-soviétiques, aujourd’hui perturbées.

Les conséquences pour les pays utilisateurs

Les États ayant hérité de Mi-24/35 profitent d’un coût d’entrée réduit et d’un réservoir de pièces via des filières tierces, mais subissent désormais sanctions et raréfaction des moteurs et ensembles dynamiques. Plusieurs flottes sont cannibalisées pour maintenir la disponibilité.

Le Ka-52 et le Mi-28, la vitrine russe en guerre

Les hélicoptères militaires russes Ka-52 et Mi-28 ont été massivement employés en Ukraine. Ils ont adapté leurs tactiques (vol à très basse altitude, tirs déportés) grâce au missile LMUR (Izdeliye-305) à 15 km de portée, réduisant l’exposition aux défenses. Des pertes significatives ont cependant conduit à accélérer la production et à améliorer la survivabilité (leurres, suites de guerre électronique), ce qui illustre l’apprentissage en combat.

La réalité industrielle et opérationnelle

Le Mi-28 totalise 190+ exemplaires produits (toutes versions) et reste prioritaire au sein des forces russes avec le Ka-52. Des attaques ukrainiennes ont visé des hélicoptères au sol (HIMARS), révélant la vulnérabilité logistique des bases avancées. Pour les pays clients, s’associer à la filière russe signifie bénéfices en prix et capacité antichar, mais dépendance aux moteurs et à la maintenance sous sanctions.

Le Z-10 chinois, une montée en puissance régionale

L’hélicoptère de combat chinois Z-10 structure désormais l’aviation de l’Armée de terre (PLAGF). On compte environ 106 Z-10 actifs (12 en commande) au sein de la PLAGF, aux côtés du Z-19 (env. 175). Pékin mise sur un emploi combiné avec drones et artillerie à longue portée. Le Pakistan vient d’induire le Z-10ME, premier client export crédible, ce qui élargit l’influence industrielle et doctrinale chinoise en Asie du Sud. Géopolitiquement, cela réduit la dépendance pakistanaise à des plateformes occidentales ou russes.

La portée opérationnelle

Le Z-10 couvre l’appui-feu et l’anti-char, avec des profils « hot & high » revendiqués. L’effort chinois porte sur la polyvalence (liaisons de données, capteurs IR/TV) et la standardisation logistique au sein des brigades interarmes.

Le Tigre européen, une capacité resserrée mais modernisée

L’hélicoptère Tigre reste le principal hélicoptère de combat européen en service en France, Allemagne et Espagne. Le programme Tiger MkIII lancé par la France et l’Espagne prévoit l’upgrade de 42 appareils français (pouvant monter à 67) et 18 espagnols, avec nouveaux capteurs, liaisons, armes (missile MAST-F/Akeron LP), et navigation synchronisée sur Galileo. Cela assure une pertinence opérationnelle jusqu’aux années 2030–2040, malgré des flottes numériquement modestes.

Les enjeux pour les armées européennes

L’Europe sécurise la souveraineté des chaînes de soutien et l’interopérabilité OTAN tout en contenant les coûts par coopérations industrielles. L’Allemagne a toutefois annoncé une sortie progressive du Tigre d’ici la prochaine décennie, ce qui incite à optimiser la disponibilité des flottes restantes.

L’UH-60 Black Hawk, la plateforme d’assaut armée la plus répandue

L’UH-60 Black Hawk n’est pas un hélicoptère d’attaque mais c’est l’hélicoptère militaire moderne le plus diffusé. Son emploi armé (miniguns, roquettes, missiles sur versions spéciales DAP) en fait un acteur de combat dans les missions d’assaut, de soutien aérien rapproché limité et d’évacuation médicale sous feu. Plus de 5 000 appareils (toutes variantes H-60/S-70) ont été produits. L’US Army aligne 2 276 H-60 de toutes versions, et de nombreux alliés s’équipent (ex. Australie remplaçant ses MRH-90 par 40 UH-60M). Pour un pays utilisateur, l’atout majeur réside dans un réseau mondial de pièces et de formations, qui réduit le coût de possession à long terme.

L’AH-1Z, le T129 et les « hélicoptères de reconnaissance armée » légers

L’AH-1Z Viper (USMC) offre une logistique éprouvée et un panachage d’armements (20 mm, roquettes 70 mm, Hellfire). Il se diffuse en Europe centrale (Tchéquie), au Bahreïn et au Nigeria. Le T129 ATAK turc, exporté aux Philippines, illustre la montée de solutions régionales. Les hélicoptères légers de reconnaissance armée comme le Z-19 chinois et le MD 530F (Kenya, Nigeria) marient coût réduit et présence permanente au-dessus de la manœuvre terrestre.

Les conséquences géopolitiques d’un choix de flotte

Choisir l’Apache rapproche durablement d’un écosystème américain (munitions, MCO, doctrine), facilite l’interopérabilité OTAN et l’accès à des améliorations incrémentales. Choisir la filière russe (Mi-24/35, Mi-28, Ka-52) offre des capacités anti-char crédibles mais expose à des contraintes de sanctions, d’accès aux moteurs et de financement. Choisir la filière chinoise (Z-10, Z-19) ouvre un réseau de crédits, de formations et de transferts attractifs pour des budgets serrés, avec un impact politique régional accru. S’aligner sur le Tigre renforce la base industrielle européenne mais suppose d’assumer la taille réduite des flottes et des coûts d’upgrade.

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Les paramètres d’emploi : déploiement, missions, exemples précis

La facilité ou difficulté de déploiement reflète la densité des hubs de maintenance et la modularité des armements. Les flottes Apache bénéficient d’un catalogue logistique mondial, ce qui a permis des déploiements rapides au Moyen-Orient et en Europe. À l’inverse, des Ka-52 et Mi-28 mal dispersés au sol ont été frappés par des tirs HIMARS, soulignant l’importance de bases durcies, de déploiements décentralisés et de camouflage.

Dans les missions, les tendances marquantes sont claires :

  • L’appui-feu rapproché reste central, avec Missiles antichars et roquettes guidées APKWS/Hydra ou équivalents.
  • Le tir déporté s’impose : le LMUR russe (portée 15 km) permet au Ka-52/Mi-28 de rester hors de la bulle de MANPADS, tendance que d’autres nations poursuivent via Hellfire Longbow, Spike ER2 ou munitions rôdeuses en coordination.

Exemples précis :

  • Israël emploie l’Apache pour la frappe de précision (Hellfire) et le contrôle des feux au-dessus de zones urbaines, nécessitant une intégration étroite C2 et renseignement.
  • L’Inde accroît ses capacités avec le LCH Prachand (156 commandés) et le Rudra armé, adaptés aux hautes altitudes de l’Himalaya, ce qui illustre l’essor d’un hélicoptère de combat léger national.
  • Le Maroc structure une capacité d’attaque moderne avec l’AH-64E, transformant ses options d’appui-manœuvre et de dissuasion régionale.

La hiérarchie 2025 des hélicoptères de combat les plus utilisés

En agrégeant volumes en service, diffusion internationale et intensité opérationnelle, la hiérarchie suivante se dessine :

  1. L’Apache AH-64 (l’hélicoptère de combat le plus utilisé) : masse critique américaine (824), diffusion OTAN/Moyen-Orient/Asie, filière munitions Hellfire-APKWS.
  2. Le Mi-24/35 : présence multi-continentale, hélicoptère armé et hélicoptère de transport militaire combinés, atout dans les forces à budget contraint, mais filière sous tension.
  3. L’UH-60 Black Hawk (armé) : plateforme d’assaut la plus répandue, massive dans l’US Army (2 276), plusieurs nations en acquisition/renouvellement.
  4. Le Ka-52 / Mi-28 : forte intensité d’emploi en Ukraine, modernisation par le LMUR, mais fragilités industrielles et pertes notables.
  5. Le Z-10 : montée en puissance chinoise (106+), premiers exports (Pakistan), intégration avec drones.
  6. Le Tigre : flotte européenne plus réduite mais modernisée (MkIII), maintenue à l’horizon 2035-2040.
  7. L’AH-1Z et le T129 : diffusion ciblée, coûts maîtrisés, compléments utiles pour des forces régionales ou expéditionnaires.

La dynamique à surveiller

Le champ de bataille saturé de drones, de radars et de missiles portables impose aux hélicoptères militaires des capteurs plus performants, des munitions à plus longue portée et des tactiques “shoot-and-scoot”. Les pays qui veulent projeter un hélicoptère de combat utilisé dans le monde avec un bon taux de disponibilité investissent dans la logistique, les simulateurs, les stocks de missiles et des concepts combinant hélicoptères, drones et artillerie. C’est désormais le cœur de la survivabilité et de la valeur ajoutée opérationnelle.

HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère