Les eVTOL, taxis volants électriques, bientôt dans nos villes

Les eVTOL, taxis volants électriques, bientôt dans nos villes

Les eVTOL, taxis volants électriques, s’apprêtent à transformer la mobilité urbaine. Découverte du concept, des modèles et des premières villes concernées.

En résumé

Les eVTOL – pour electric Vertical Take-Off and Landing – sont des aéronefs électriques capables de décoller et d’atterrir verticalement. Conçus pour transporter deux à six passagers sur de courtes distances, ils promettent de réduire la congestion routière et les émissions locales. Plusieurs constructeurs, comme Joby Aviation, Archer Aviation, Volocopter, Lilium ou EHang, visent une entrée en service commerciale dès 2025 à 2026. Les premiers marchés ciblés sont les grandes métropoles comme Paris, Dubaï, Los Angeles, Singapour et certaines villes japonaises à l’approche de l’Exposition universelle d’Osaka en 2025. Le déploiement dépend encore de la certification aéronautique, des infrastructures de vertiports et de l’acceptation sociale. Cette nouvelle forme de mobilité aérienne urbaine représente un tournant technologique majeur, mais son adoption à grande échelle nécessitera des années d’ajustements réglementaires et opérationnels.

Un concept à la croisée de l’aérien et de l’automobile

L’eVTOL est un aéronef électrique à décollage et atterrissage vertical. Il combine des rotors multiples – généralement entre six et dix-huit – avec des batteries haute densité et des systèmes de contrôle de vol automatisés. Cette architecture permet des vols courts en milieu urbain sans recourir à des pistes traditionnelles. Les modèles actuels visent des vitesses de croisière comprises entre 150 et 300 km/h, pour des rayons d’action de 20 à 150 km, selon la charge et le profil de mission. Contrairement à un hélicoptère, l’eVTOL se veut plus silencieux, avec des émissions directes nulles et un coût d’exploitation réduit grâce à la simplification mécanique et au recours à l’électricité.

Une promesse de nouvelle mobilité urbaine

La montée des embouteillages dans les grandes métropoles et les objectifs de décarbonation stimulent le marché des taxis volants électriques. L’eVTOL s’inscrit dans la vision plus large de la mobilité aérienne urbaine (UAM), intégrant transport de passagers, logistique et éventuellement évacuation médicale. L’idée est d’offrir des trajets rapides sur des axes congestionnés : par exemple Paris-Charles de Gaulle – centre-ville en moins de 20 minutes, ou Los Angeles – aéroport LAX en 10 minutes. Les coûts prévus à terme pourraient se rapprocher d’une course de taxi premium, soit entre 80 et 120 € par trajet selon les estimations des constructeurs, bien qu’au lancement ils seront plus élevés du fait des investissements initiaux.

Les principaux acteurs industriels

Plusieurs sociétés se disputent la tête du marché. Joby Aviation, soutenu par Toyota et Delta, développe un eVTOL quadrimoteur à rotor basculant, offrant une vitesse de 320 km/h et un rayon de 150 km. Archer Aviation, avec son modèle Midnight, cible des liaisons urbaines de 20 à 50 km avec quatre passagers. En Europe, l’Allemand Lilium mise sur une propulsion par ventilateurs carénés pour optimiser la vitesse et le confort sur des distances de 200 km. Volocopter, également allemand, se concentre sur le taxi aérien pur en milieu dense avec un modèle biplace et une autonomie de 35 km, suffisant pour des trajets intra-urbains. En Asie, EHang mise sur des drones-taxis autonomes biplaces, déjà testés dans plusieurs villes chinoises.

Le calendrier de certification et de mise en service

Le plus grand défi reste la certification aéronautique. La Federal Aviation Administration (FAA) aux États-Unis et l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) en Europe encadrent des processus exigeants couvrant la propulsion, la navigabilité, les systèmes de commande et la sécurité électrique. Joby et Archer visent une certification FAA d’ici fin 2025, permettant des vols commerciaux aux États-Unis dès 2026. En Europe, Volocopter et Lilium avancent vers la validation EASA, avec pour objectif des démonstrations lors des Jeux olympiques de Paris 2024 (reportées à des essais limités) et un lancement commercial autour de 2025-2026. Le Japon prévoit une autorisation pour des vols pilotes à l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka en 2025. La Chine, plus flexible sur les essais, autorise déjà des vols limités d’EHang dans certaines villes.

Les premières villes candidates

Plusieurs agglomérations préparent des corridors aériens et des infrastructures de vertiports.
Paris : expérimentations menées à Pontoise-Cormeilles avec un objectif initial de desservir des liaisons courtes comme Roissy – Le Bourget – centre-ville.
Los Angeles : partenariats entre Archer et United Airlines pour des trajets vers LAX.
New York : tests prévus sur des liaisons Manhattan – aéroports.
Dubaï : pionnière avec EHang et ambitions de réseau d’ici 2026.
Singapour : corridors définis pour vols au-dessus de la Marina Bay et du centre d’affaires.
Osaka et Tokyo : priorités pour accueillir des démonstrations en 2025 et une exploitation régulière à l’horizon 2026-2027.

Les enjeux techniques et énergétiques

Les batteries lithium-ion restent la contrainte majeure. La densité énergétique actuelle limite le rayon d’action et la charge utile. Les constructeurs explorent des chimies nouvelles, comme le lithium-métal ou des architectures hybrides (turbogénérateurs + batteries), pour allonger l’autonomie sans pénaliser le poids. Le temps de recharge, souvent supérieur à 30 minutes pour récupérer 80 % de la capacité, nécessite des solutions d’échange rapide de batteries ou des charges ultra-rapides dans les vertiports. L’acoustique est aussi déterminante : les eVTOL doivent réduire le bruit à moins de 65 dB en approche pour être acceptables en milieu urbain.

La sécurité et la réglementation de l’espace aérien

L’intégration d’un grand nombre d’eVTOL dans le trafic urbain pose un défi au contrôle aérien. Des systèmes de gestion automatisée du trafic, ou UTM (Unmanned Traffic Management), sont en cours de développement pour coordonner drones et taxis volants. La redondance des moteurs électriques, des commandes de vol et des systèmes de navigation est indispensable pour atteindre les niveaux de fiabilité exigés par l’aviation commerciale (probabilité d’accident <10⁻⁹ par heure de vol). La certification impose aussi des procédures de sécurité en cas de perte d’alimentation ou d’urgence, telles que le déploiement de parachutes balistiques ou la capacité de vol plané.

L’acceptation sociale et le coût initial

L’adoption des taxis volants électriques dépendra aussi de la perception publique. Les sondages montrent un intérêt pour des trajets rapides, mais des inquiétudes sur le bruit, la sécurité et le coût. Les premiers vols commerciaux seront probablement plus chers qu’un trajet en VTC, avant que l’effet d’échelle et l’industrialisation ne réduisent les tarifs. Les autorités locales devront accompagner le déploiement avec des campagnes d’information, des règles de sécurité claires et des corridors aériens minimisant la nuisance sonore.

Un tournant pour la mobilité aérienne urbaine

Les eVTOL illustrent la convergence de l’électrification, de l’automatisation et de la demande de mobilité urbaine rapide. Si les calendriers ambitieux annoncés par les constructeurs peuvent encore glisser, la dynamique est enclenchée : des appareils volent déjà en essais, les régulateurs définissent les normes et les villes aménagent des vertiports pilotes. L’enjeu sera d’intégrer progressivement ces engins dans un écosystème de transport plus large, complémentaire du rail et des bus électriques, tout en assurant des standards élevés de sécurité et d’acceptabilité.

Des perspectives au-delà des premières lignes commerciales

Les premières lignes de taxis volants devraient être inaugurées sur des liaisons courtes et premium dans des villes comme Dubaï, Los Angeles ou Osaka dès 2025-2026, mais le déploiement massif nécessitera au moins une décennie supplémentaire. Les applications futures pourraient inclure la logistique urgente, l’évacuation médicale rapide, ou des liaisons interurbaines sur 100 à 200 km à mesure que la technologie des batteries progressera. La réussite dépendra de la confiance du public, de la réduction des coûts et de l’adaptation des espaces aériens urbains à cette nouvelle dimension du transport.

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