À Londres, Vertical Aerospace dévoile Valo, son nouvel eVTOL à 240 km/h, une nouvelle marque et un partenariat avec Héli Air Monaco pour viser la Côte d’Azur.
Le 15 décembre 2025, Vertical Aerospace a officiellement présenté à Londres son nouvel appareil eVTOL baptisé Valo. Cette annonce marque une étape stratégique pour la start-up britannique, qui accompagne ce lancement d’une nouvelle identité de marque et d’un repositionnement clair sur le marché du transport aérien urbain. Avec une vitesse de croisière annoncée de 240 km/h, Valo ambitionne de s’imposer comme une solution crédible de mobilité aérienne à la demande, souvent résumée par l’expression « Uber des airs ». Lors de cet événement, Vertical Aerospace a également révélé un partenariat avec Héli Air Monaco, opérateur bien implanté en hélicoptère sur la Côte d’Azur. L’objectif affiché est d’ouvrir à terme des routes eVTOL entre Monaco, Nice et d’autres pôles régionaux. Derrière la communication, cette présentation pose des questions concrètes sur la maturité technique, le modèle économique et la crédibilité industrielle de Vertical Aerospace dans un secteur où les promesses ont souvent dépassé les réalisations.
Le contexte d’un dévoilement très calculé à Londres
Le choix de Londres pour dévoiler Valo n’est pas anodin. Vertical Aerospace est une entreprise britannique, soutenue depuis ses débuts par une ambition nationale forte de positionner le Royaume-Uni comme acteur majeur de la mobilité aérienne avancée. En organisant cet événement dans la capitale, la société s’adresse à la fois aux investisseurs, aux décideurs politiques et aux partenaires industriels.
Le calendrier est également révélateur. Fin 2025, le marché des eVTOL traverse une phase de tri. Plusieurs acteurs ont ralenti leurs programmes, revu leurs ambitions ou recentré leurs priorités sur la certification plutôt que sur la communication. Dans ce contexte, Vertical Aerospace choisit de reprendre la parole de manière structurée, avec un message clair : le programme ne se limite plus à un démonstrateur, mais vise une offre commerciale identifiable.
Ce dévoilement marque donc un tournant. Il ne s’agit plus seulement de convaincre que l’eVTOL est possible, mais qu’il peut devenir exploitable, rentable et accepté par le public.
Le Valo comme nouveau modèle phare de Vertical Aerospace
Valo est présenté comme le nouveau modèle central de Vertical Aerospace. L’appareil s’inscrit dans la continuité des travaux menés sur le VX4, tout en affichant une évolution de design et de positionnement. Selon les informations communiquées, Valo est conçu pour transporter plusieurs passagers sur des distances régionales courtes, avec une priorité donnée à la vitesse et à la régularité des rotations.
La vitesse de croisière annoncée de 240 km/h (environ 150 mph) place Valo dans la tranche haute des eVTOL civils. Ce chiffre n’est pas neutre. Il vise à réduire drastiquement les temps de trajet sur des axes congestionnés, en particulier dans des régions comme la Côte d’Azur où quelques dizaines de kilomètres peuvent représenter plus d’une heure par la route en haute saison.
Vertical Aerospace met en avant une architecture électrique à décollage et atterrissage vertical, combinant rotors multiples et propulsion optimisée pour le vol horizontal. Comme pour d’autres eVTOL, le défi réside dans l’équilibre entre performances, autonomie et contraintes de certification.
Les performances annoncées face aux réalités opérationnelles
Sur le papier, Valo promet des performances séduisantes. Une vitesse de 240 km/h permet d’envisager des liaisons rapides entre centres urbains et hubs secondaires. Mais cette donnée doit être analysée avec prudence.
La vitesse de croisière maximale ne correspond pas toujours à la vitesse moyenne exploitable en opération commerciale. Les phases de décollage vertical, de montée, de transition et d’approche réduisent la vitesse moyenne porte à porte. À cela s’ajoutent les contraintes de gestion de l’espace aérien et les marges de sécurité imposées par les autorités.
Vertical Aerospace affirme néanmoins que Valo a été conçu pour optimiser ces phases transitoires. L’objectif est de minimiser le temps passé hors du régime de croisière, afin de préserver l’efficacité énergétique, facteur clé pour la viabilité économique d’un eVTOL.
La question de l’autonomie reste centrale. Même si les chiffres précis n’ont pas été détaillés lors du dévoilement, le positionnement sur des routes comme Monaco–Nice suggère une portée opérationnelle compatible avec des trajets de 20 à 50 km, avec des réserves suffisantes.
La nouvelle identité de marque comme signal stratégique
Le dévoilement de Valo s’accompagne d’une nouvelle identité de marque pour Vertical Aerospace. Ce choix traduit une prise de conscience : le marché de l’eVTOL ne se gagnera pas uniquement sur le terrain technologique.
La société cherche à se détacher de l’image de start-up expérimentale pour adopter celle d’un futur opérateur de mobilité aérienne. Le discours se veut plus accessible, orienté vers l’expérience utilisateur, la simplicité et la fiabilité.
Ce repositionnement vise aussi à rassurer les partenaires institutionnels et les opérateurs. Une identité de marque cohérente facilite les discussions avec les autorités locales, les gestionnaires d’infrastructures et les acteurs du tourisme haut de gamme, particulièrement visés sur la Côte d’Azur.
Le partenariat avec Héli Air Monaco comme levier crédible
L’annonce d’un partenariat avec Héli Air Monaco est l’un des éléments les plus concrets de cette présentation. Contrairement à certains accords purement déclaratifs observés dans le secteur, ce partenariat s’appuie sur un opérateur existant, expérimenté et déjà intégré dans l’écosystème local.
Héli Air Monaco exploite depuis des années des liaisons en hélicoptère entre Monaco, Nice et d’autres destinations régionales. Cette expérience opérationnelle est précieuse. Elle apporte à Vertical Aerospace une connaissance fine des contraintes locales : gestion des passagers, créneaux aériens, acceptabilité sociale et exigences réglementaires françaises et monégasques.
Pour Vertical Aerospace, ce partenariat permet de tester un modèle hybride. L’eVTOL ne remplace pas immédiatement l’hélicoptère, mais vient compléter l’offre sur des segments où le bruit, le coût et l’empreinte environnementale sont devenus des enjeux sensibles.
La Côte d’Azur comme terrain d’expérimentation logique
La Côte d’Azur est régulièrement citée comme un marché prioritaire pour les eVTOL. Ce choix repose sur plusieurs facteurs objectifs. La densité touristique y est élevée. Les distances entre pôles attractifs sont courtes. Les infrastructures aéronautiques existent déjà.
Dans ce contexte, Valo pourrait répondre à une demande réelle, notamment pour des clients prêts à payer un surcoût pour gagner du temps. Le segment visé n’est pas celui du transport de masse, mais celui de la mobilité premium et professionnelle.
Cependant, cette région est aussi l’une des plus réglementées d’Europe en matière de nuisances sonores et de sécurité aérienne. La réussite du projet dépendra donc autant de la performance technique de Valo que de sa capacité à s’intégrer dans un environnement réglementaire strict.
Le modèle économique derrière l’ambition « Uber des airs »
L’expression « Uber des airs » est volontairement provocatrice. Elle vise à simplifier le message auprès du grand public. Mais elle peut aussi être trompeuse. Le modèle économique d’un eVTOL diffère profondément de celui d’une voiture avec chauffeur.
Les coûts d’acquisition, de maintenance, d’énergie et de certification sont sans commune mesure. La rentabilité repose sur un taux d’utilisation élevé, une fiabilité exemplaire et une gestion rigoureuse des opérations.
Vertical Aerospace semble en être consciente. Le discours autour de Valo insiste davantage sur la régularité des rotations et la standardisation des opérations que sur une démocratisation immédiate des prix. Le service visé est d’abord premium, avant toute éventuelle montée en volume.
Les défis techniques et réglementaires encore à franchir
Malgré un discours maîtrisé, plusieurs défis restent ouverts. La certification est le principal. Obtenir une certification pour un eVTOL destiné au transport de passagers est un processus long et coûteux. Les exigences en matière de sécurité, de redondance et de fiabilité sont élevées.
La gestion de la production en série constitue un autre enjeu. Passer du prototype à une flotte exploitable nécessite une chaîne industrielle robuste, capable de livrer des appareils conformes et maintenables sur le long terme.
Enfin, l’acceptation sociale reste un facteur déterminant. Le public acceptera-t-il de monter à bord d’un eVTOL au-dessus de zones urbaines denses ? Les réponses varieront selon les régions et les cultures.
Ce que Valo dit de l’évolution du marché eVTOL
Avec Valo, Vertical Aerospace envoie un message clair : l’eVTOL ne doit plus être perçu comme un concept futuriste, mais comme un service en préparation. Cette posture tranche avec celle de certains concurrents qui ont réduit leur communication face aux difficultés.
Le dévoilement de Valo montre aussi que le marché entre dans une phase de différenciation. Les acteurs qui survivront seront ceux capables d’aligner technologie, modèle économique et partenariats opérationnels crédibles.
La route est encore longue. Mais en associant un appareil identifiable, une marque retravaillée et un partenariat concret, Vertical Aerospace tente de transformer une promesse technologique en projet industriel et commercial cohérent.
HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère.
