XPeng AeroHT vise 2026 avec son Land Aircraft Carrier certifié

Xpeng Aero

XPeng AeroHT obtient le feu vert industriel pour son « Land Aircraft Carrier ». Vers la production de masse en Chine et des livraisons ciblées en 2026.

En résumé

XPeng AeroHT franchit un cap décisif vers la production de masse de son Land Aircraft Carrier, un véhicule modulaire associant un module terrestre électrique et un module aérien eVTOL. Les autorités chinoises ont accepté l’examen du certificat de production et font progresser la certification CAAC de l’aéronef, tandis que l’usine dédiée de Guangzhou finalise ses équipements. Un tour de table de 250 millions de dollars en Series B sécurise la montée en cadence et l’outillage. La feuille de route vise des livraisons 2026, après une première séquence de pré-séries et de vols de démonstration. Dans un contexte où la Chine concentre la majorité des brevets liés à la basse altitude, AeroHT capitalise sur un portefeuille d’innovations et une intégration automobile/aviation rarement égalée. Les enjeux clés restent la robustesse industrielle, l’acceptabilité urbaine et l’alignement réglementaire pour convertir les pré-commandes en services concrets.

Le jalon industriel qui change l’échelle

L’acceptation du certificat de production

Le programme avance sur deux rails parallèles : l’agrément de l’appareil et la qualification de l’outil industriel. Côté aéronautique, la CAAC a accepté l’examen du certificat de production pour l’air module du Land Aircraft Carrier et fait progresser l’évaluation de conformité du certificat de type. Ce feu vert procédural acte la maturité du système qualité, de la traçabilité et des processus d’assemblage. Il ouvre la voie au passage de prototypes à une série initiale sous contrôle de l’autorité, étape indispensable avant toute montée en cadence.

La fabrique dédiée et son calendrier

Le site de Guangzhou est conçu comme une ligne dédiée à l’assemblage de l’air module, avec une chaîne outillée pour des volumes significatifs et des bancs d’essais intégrés. Les travaux ont dépassé les deux tiers, avec un objectif d’achèvement opérationnel calé sur la fin 2025. Les premiers lots de présérie serviront aux essais de durabilité, aux audits process et à la préparation de l’après-vente. Le constructeur a indiqué que les livraisons 2026 restent l’objectif nominal, sous réserve de jalons réglementaires tenus et de validations qualité sans réserve.

Le financement et la gouvernance du risque

Un Series B de 250 millions de dollars

La levée de 250 millions de dollars en Series B sécurise les dépenses critiques : outillages spécifiques, achats initiaux, tests de qualification et ramp-up RH. Elle complète des financements précédents et confirme la confiance d’investisseurs à long terme. Le séquencement capitalistique reflète une gestion prudente du risque : valider les autorisations de production, boucler l’industrialisation, puis enclencher la courbe d’apprentissage sur un premier millier d’unités.

La structure de coûts visée

Sur un eVTOL grand public, le coût total repose moins sur la cellule que sur l’électronique de contrôle, la batterie et les essais de conformité. L’adossement automobile d’XPeng apporte des économies d’échelle sur l’électronique de puissance (800 V), la connectique et certains process d’assemblage. Le pari d’AeroHT est clair : ramener l’aéronautique légère vers des logiques de flux et de standardisation inspirées de l’automobile tout en respectant l’exigence aérienne de documentation et de traçabilité.

Le produit : un duo route/air pensé pour l’usage

L’architecture modulaire

Le Land Aircraft Carrier se compose d’un module terrestre tri-essieux à six roues servant de « porte-appareil » et d’un module aérien eVTOL biplace, à déploiement automatisé. Le véhicule routier transporte, protège et recharge l’aéronef, qui se déploie en quelques minutes depuis l’arrière. L’objectif d’usage est clair : contourner des coupures d’itinéraire ou des embouteillages, accéder à des zones isolées, ou proposer des expériences de vol courte distance sur 10 à 30 km.

Les métriques opérationnelles

Le constructeur communique une vitesse de croisière équivalente à celle de nombreux eVTOL légers et une endurance dimensionnée pour des segments urbains courts. Le module aérien privilégie la redondance par propulsion distribuée, l’automatisation du vol, et l’auto-diagnostic. Le module terrestre s’appuie sur une architecture haute tension (800 V) avec prolongateur d’autonomie afin de servir de « power bank » mobile et d’enchaîner plusieurs cycles de vol sans infrastructure lourde. Des essais hivernaux et d’endurance ont été conduits pour valider châssis, thermique et gestion énergétique.

La certification : une trajectoire par paliers

Les étapes avec la CAAC

La certification CAAC se déroule en deux volets : l’agrément de l’appareil (type certificate) et la validation de la production (production certificate). L’acceptation du dossier de production, puis l’entrée en phase de conformité pour le type, témoignent d’un dialogue avancé avec l’autorité. Parallèlement, l’entreprise poursuit des vols d’essais habités et des démonstrations publiques encadrées, indispensables pour éprouver les procédures normales et d’urgence, la tenue des batteries et la maintenance au quotidien.

Les implications pour la mise en service

Une fois les agréments obtenus, les premières livraisons concerneront des clients précoces en Chine, sur des couloirs et des zones de vol identifiés avec les autorités locales. La gestion des trajets, des altitudes et des créneaux reposera sur des plans d’opérations standardisés. Les données de flotte (taux d’utilisation, retour atelier, disponibilité pièces) guideront les itérations de design et de maintenance pour stabiliser un coût par rotation compétitif.

Le marché chinois de la basse altitude comme accélérateur

Le poids des brevets et des politiques publiques

La Chine concentre environ 70 % des dépôts de brevets liés aux drones et à la basse altitude. Cette densité d’IP reflète un écosystème où fabricants, intégrateurs et autorités co-construisent normes et infrastructures. AeroHT s’y insère avec un portefeuille de brevets couvrant châssis modulaires, énergies et commandes de vol. L’avantage compétitif tient à l’alignement entre filière batterie, chaîne électronique et volume de production.

Les cas d’usage prioritaires

Les premières applications visées sont pragmatiques : navettes courtes hors congestion, tourisme de destination, accès à des zones faiblement desservies, et missions d’intérêt public en coordination avec les autorités. La modularité route/air évite l’exposition continue au trafic aérien urbain : on roule là où c’est rationnel, on vole sur le tronçon qui crée le gain temps.

Les métriques d’industrialisation à surveiller

La disponibilité flotte et la cadence

Deux indicateurs feront foi dès 2026 : le taux de disponibilité et le takt time d’assemblage de l’air module. Sur un produit biplace autonome, le moindre aléa logiciel ou d’alimentation peut immobiliser l’appareil. La standardisation des références, le dimensionnement des stocks de rechange et la qualité des procédures de remise en service sont des conditions de succès autant que la capacité de l’usine.

La sécurité et l’acceptabilité

L’acceptation sociale se gagnera par le bruit contenu, la discipline de vol et la netteté des trajectoires. L’intégration de systèmes d’aide à l’atterrissage, la création de « flying camps » dédiés et la gestion numérique des flux passagers réduisent l’empreinte au sol. L’entreprise devra aussi documenter la gestion des incidents mineurs, la redondance énergétique et les plans d’urgence afin de rassurer régulateurs et collectivités.

La demande : des signaux commerciaux prometteurs

Les pré-commandes et la fenêtre 2026

Les manifestations d’intérêt et pré-commandes se multiplient, portées par la visibilité médiatique et les démonstrations. L’objectif de livraisons 2026 est maintenu, avec une montée progressive pour absorber l’apprentissage logistique et SAV. Le succès dépendra de l’adéquation prix/usage, du maillage des sites et du niveau de service après-vente (disponibilité pièces, temps d’immobilisation).

Les débouchés hors de Chine

Des présentations à l’international et des projets de vols publics ouvrent des perspectives, notamment au Moyen-Orient ou en Asie du Sud-Est où les contraintes réglementaires peuvent être plus agiles. À terme, l’harmonisation des normes et l’interopérabilité des services de gestion du trafic basse altitude seront décisives pour exporter un modèle viable.

La dynamique concurrentielle et les risques

Un marché en formation

La concurrence s’organise entre eVTOL taxis, ultralégers autonomes et concepts hybrides. L’atout d’AeroHT est la maîtrise du couple « produit + usine » avec une culture de série empruntée à l’automobile. Le risque majeur reste la synchronisation des jalons : si la certification, la production ou l’écosystème vertiports prennent du retard, l’avantage peut se réduire.

Le cadre réglementaire évolutif

La réglementation basse altitude évolue vite. Des incidents d’essais ou des retours d’expérience défavorables peuvent conduire à des durcissements temporaires (vol de nuit, météo, densité de trafic). D’où l’intérêt d’un déploiement graduel, étroitement coordonné avec les autorités régionales, et d’une transparence accrue sur la donnée sécurité.

La trajectoire d’XPeng AeroHT illustre une voie singulière vers la production de masse d’un eVTOL grand public : capitaliser sur l’ingénierie auto, verrouiller l’outil industriel, et livrer un usage clair sur des trajets courts. Si la certification CAAC et l’industrialisation convergent comme prévu, le Land Aircraft Carrier pourrait devenir le premier « produit-système » route/air à s’installer en flotte, preuve que la mobilité aérienne du quotidien commence parfois… dans un garage.

HELICOLAND est le spécialiste de l’hélicoptère.

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